CONSTRUIRE UN PIANO - CHAPITRE 2

Création d'un Piano – Chapitre 2

Maintenant, je fabrique mon sommier, ce seront 5 plis de hêtre collés, il rentre parfaitement dans le cadre, au préalable, il a été percé pour recevoir les chevilles. Là, c'est quasiment de l'horlogerie ! Aucune erreur même la plus petite soit elle, tout doit être absolument conforme au plan, c'est même lui qui me servira pour le perçage, tant pour les trous de chevilles que pour les pointes d'accroche sur le cadre en fer et également pour la distribution des points d'impact des marteaux sur les cordes.

Construction de la mécanique

Il faut maintenant construire un châssis de clavier, un clavier et une mécanique… Je fais donc plusieurs maquettes avec une seule note pour trouver quel système je dois adopter compte tenu des paramètres de réduction. Après plusieurs échecs et déconvenues (pas assez de hauteur entre le marteau et les cordes pour développer : enfoncement, échappement, rechute, attrapé, départ de l'étouffoir) Il y a cependant une valeur que je ne peux pas réduire ; c'est la longueur de la touche ! En effet, si je réduis la longueur, je perds en enfoncement, ce qui est rédhibitoire. Je choisis donc une réduction de moitié : longueur 12 cm (au lieu de 24), largeur 12.5 mm (au lieu de 25).

Barre et marteau du piano

Barre et marteau du piano

Trois mois seront nécessaires pour finaliser le projet, chaque morceau de cet ensemble de 1800 pièces de bois, de cuir, de métal et de feutre aura été fait à la main. Je n'en vois plus la fin, je passe par des moments d'euphorie, de désespoir, de doutes mais je continue, je veux savoir si oui ou non je suis capable de construire un piano de A à Z.

L'angoisse de l'incertitude

Le vrai problème est que je ne le saurais qu'à la fin, quand tout sera en place, réglé, accordé. Dans la majorité des métiers ; on avance et on voit le résultat se dessiner, prendre forme, là, c'est le néant, les choses se font, s'assemblent mais on ne sait rien ! Le cadre va-t-il résister ? N'ai-je pas vu trop juste dans le choix des sections d'acier, le sommier va-t-il tenir, la table sonne-t-elle, ai-je fait le bon choix du bois ? Et surtout, pourra-t-on jouer dessus ?

C'est court, trop court ! Je dors peu et travaille beaucoup, je suis à cran, rien n'a plus aucune importance, ce piano est devenu une vraie obsession.

Premiers essais

Les premiers essais de résonances ont lieu ; j'ai tendu quelques cordes dans tous les registres de bas en haut. Les chevilles réagissent plutôt pas mal dans le sommier, elles n'accrochent pas, ne « crantent » pas et semblent tenir correctement, j'accorde à 440 hertz. Évidemment, le son produit par « pinçage » n'est pas celui produit par le choc du marteau, néanmoins la tenue du son est très correcte, j'obtiens dans le médium une durée d'environ 45 secondes et cela me donne un espoir fou ! L'instrument sonne, il SONNE !

Les étouffoirs et la pédale forte

Maintenant c'est au tour des étouffoirs ainsi que la commande aux pieds de la nuance « forte » délicat les étouffoirs !!! Dans ce métier, le fonctionnement du système d'arrêt du son est toujours un travail « coton » donc, je me prépare à des grands moments de solitude… Pour la forme que je vais leur donner, compte tenu du style de l'instrument ; ils seront « en chapeaux de gendarmes » mais en moins prononcé. Le poids, là est le vrai souci, pour étouffer correctement, il faut un poids suffisant, en revanche, si l'étouffoir est trop lourd, il va nuire au retour de la touche ! Il me faut donc trouver le bon compromis.